Notice bibliographique
- Notice
Type(s) de contenu et mode(s) de consultation : Image fixe : sans médiation
Auteur(s) : Demarteau, Gilles (1722-1776). Graveur
Titre conventionnel : [Licurgue blessé dans une sedition]
Titre(s) : Licurgue blessé dans une sedition [Image fixe] : [estampe] / C. N. Cochin filius inv. et delin. 1760 ; Gravé par Demarteau l'Ainé
État : [État décrit dans l'Inventaire du fonds français, graveurs du XVIIIe siècle]
Publication : [S.l.], [1769]
Description matérielle : 1 est. : manière de crayon, tirage en bistre ; 26,2 x 38,1 cm
Note(s) : Le jeune Alcander vient de lui crever l'œil droit d'un coup de bâton. En marge, notice
de 5 lignes : "Il fit une ordonnance...", empruntée à "Plutarque Vie de Licurgue ;
Tradu.on d'Amyot". - Cette estampe n'a pas de numéro d'ordre. Au catalogue de 1788, elle est mentionnée
entre les n. 142 et 143. Leymarie lui a donné le n° 142 bis. - Jombert, qui fait figurer cette pièce dans son "Catalogue de l'œuvre de Cochin"
(n° 312), dit que "pour être sûr de la beaute des epreuves... il faut en avoir avant
que M. Demarteau y ait fait ajouter ces mots : "Pour sa reception à l'Académie." Le
"Lycurgue blessé" comporte donc 3 états : 1° avant la lettre ; 2° avec la lettre,
mais avant les mots : "pour sa reception à l'Académie" ; 3° avec cette mention". - C'est en effet le morceau de réception de Demarteau. Agréé le 26 avril 1766, le
graveur fut reçu le 2 septembre 1769 : "Le S.r Gilles de Marteau, graveur dans le
genre qui imite le crayon... a présenté l'un des deux ouvrages qui lui ont été ordonnés
pour sa reception, dont le sujet est Lycurgue blessé dans une sédition, d'après le
dessein de M. Cochin. Il a supplié l'Académie de vouloir bien le recevoir sur ce premier
morceau, promettant de graver le second aussitôt que le dessein original lui sera
remis, ce que la Compagnie a accordé..." ("Procès-verbaux", VIII, p. 21). - La pl. faisait partie du fonds de l'Académie (Fontaine, "Collections de l'Académie",
p. 240 et 257). Elle est aujourd'hui à la Chalcographie du Louvre (n° 76) [Information
1949]. - Le dessin de Cochin, autrefois dans les collections de l'Académie royale, comme
la gravure, est également au Louvre (n° 2276) [Information 1949]. Daté de 1760, il
fut exposé au Salon de 1761 (n° 148), où il obtint un succès sans précédent. Ce fut
un concert de louanges. Un rédacteur du "Mercure" (octobre 1761, p. 167) le considère
comme "un tableau du genre le plus sublime, auquel il ne manque que la couleur". L'"Observateur
littéraire" ne lui consacre pas moins d'une page d'éloges. Et Gabriel de Saint-Aubin,
visitant le Salon, s'arrête longuement devant le n° 148 si admiré et le dessine au
bas de la page 33 de son Livret. Diderot lui-même, qui ne goûtait pas tellement Cochin,
est conquis, non toutefois sans faire des réserves au sujet du personnage principal
: "Il y a [dans ce dessin], écrit-il ("Salon de 1761"), une diversité étonnante d'attitudes,
de visages et de caractères, cela me semble de grand goût, c'est un magnifique tableau
dans un petit espace. Mais le Lycurgue est manqué ; c'est une figure campée une jambe
en avant et l'autre en arrière. Cette action de montrer son œil crevé, fût-elle de
l'histoire, n'en serait ni moins petite, ni moins puérile. Un homme comme Lycurgue,
qui sait se posséder dans un pareil instant, s'arrête tout court, laisse tomber ses
bras, a les deux jambes parallèles et se laisse voir plutôt qu'il ne se montre ; toute
action plus marquée serait fausse et mesquine. Je suis fâché de ce défaut, qui gâte
un très beau dessin.". - Nous avons peine à comprendre aujourd'hui l'engouement des contemporains pour
cette composition théâtrale. Il s'explique cependant. Le dessin de Cochin arrivait
à son heure et répondait à une évolution du goût. On aspirait au grand art. Et Cochin,
l'un des initiateurs de ce mouvement de réaction vers le classicisme antique qui s'ébauchait
et qui devait aboutir à l'art de David, Cochin s'efforçait, depuis son retour d'Italie,
de mettre dans ses dessins ce que Mariette appelle "de la grande manière". Et il se
fourvoie dans l'histoire ancienne. Cette seconde manière de l'artiste, applaudie par
les tenants de l'esthétique nouvelle, ne fut pas appréciée par tous les amateurs.
"Il y a des gens, dit encore Mariette, qui regrettent celle qu'il s'étoit faite autrefois
et qui, pleine de gentillesse, paroissoit lui avoir été dictée par la nature seule."
("Abecedario", I, p. 384.). - Cochin, qui n'avait jamais eu le temps d'exécuter son morceau de réception, offrit
son dessin à l'Académie, en la priant d'agréer ce morceau "comme acquit de sa promesse".
Des collections de l'Académie il passa au Musée du Louvre. - La gravure de Demarteau obtint au Salon de 1769 le même succès que l'original
au Salon de 1761. Expression d'une tendance qui s'était accentuée, elle plut autant
que le dessin, dont elle était d'ailleurs une transcription "faite à tromper", dit
un contemporain ("Lettre sur le Salon" dans le "Journal encyclopédique", 1769, p.
272). Ses défauts sont donc ceux de l'original, qui n'a d'ailleurs perdu dans la traduction
sur le cuivre aucune de ses qualités. L'éloge fut unanime. Écoutons Bachaumont : "L'estampe...
qui attire l'attention générale, est de M. Demarteau, agréé. Elle est gravée dans
la manière qui imite le crayon et représente Lycurgue blessé dans une sédition. C'est
d'une chaleur, d'une beauté, d'une harmonie, d'une précision, d'un "faire" qui enlèvent."
("Lettre III sur le Salon de 1769" dans les "Mémoires secrets", XIII, p. 74.) Et Gabriel
de Saint-Aubin, que nous avons vu croquer le dessin de Cochin dans son livret du Salon
de 1761, dessina la gravure de Demarteau en marge de son livret du Salon de 1769. - Un indice de l'estime où l'on tenait cette estampe est son prix inusité. Tandis
qu'il vendait 3 livres les compositions les plus aimables de Boucher, Demarteau ne
demandait pas moins de 12 livres pour sa reproduction du dessin de Cochin. Elle fut
annoncée au "Mercure" en avril 1770 (II, p. 162). La planche fut donnée à l'Académie
par le récipiendaire, mais Demarteau s'était réservé le droit d'en tirer des épreuves
et de les vendre à son profit. C'est pourquoi, dans le catalogue publié par Demarteau
le jeune en 1788, après la mort de son oncle, elle est mentionnée sans numéro d'ordre,
pour indiquer qu'elle n'était plus la propriété du graveur. - Demarteau considérait le "Lycurgue blessé" comme son chef-d'œuvre et il l'est,
considéré du point de vue professionnel. Il en avait tout particulièrement soigné
la gravure. Tandis que les états de ses autres estampes sont rares, le "Lycurgue",
en comporte exceptionnellement trois. Demarteau avait pour cette pièce une véritable
prédilection : une épreuve montée sous verre, dans une bordure de bois doré, ornait
un des panneaux de son appartement, et il en a légué d'autres épreuves à plusieurs
de ses amis. - Consulter l'article de M. Emile Dacier : "Le Lycurgue blessé de C.-N. Cochin le
fils, gravé par Gilles Demarteau, fonds de la Chalcographie du Louvre", dans "Byblis",
printemps de 1923, p. 39-48, avec reproduction. - Notice chargée sans modification à partir de l'Inventaire du fonds français, graveurs
du XVIIIe siècle
Référence(s) : Inventaire du fonds français, graveurs du XVIIIe siècle / Bibliothèque nationale,
Département des estampes. Tome VI, Damontot-Denon / par Marcel Roux,... - Bibliothèque
nationale (Paris), 1949, article DEMARTEAU, n. 142 bis = IFF18 DEMARTEAU, 142 bis
Catalogue de l'oeuvre de Ch. Nic. Cochin fils / par Charles-Antoine Jombert, 1770,
n. 312 = Jombert, Cochin, 312
Autre(s) auteur(s) : Cochin, Charles-Nicolas (1715-1790). Dessinateur du modèle
Voir aussi : Autre état ou tirage : [Etat sans autre lettre que la signature de Cochin au-dessus
du tr. c. à dr.]
Identifiant de la notice : ark:/12148/cb44547361f
Notice n° :
FRBNF44547361
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