Notice de spectacle
- Notice
Titre(s) : Don Quichotte [Spectacle] : pièce en 3 actes et 8 tableaux / texte de Victorien Sardou ; version complètement remaniée par Victorien Sardou et Charles Nuitter ; musique de scène de Jacques Offenbach ; décors d'Edouard Despléchin, Eugène Fromont ; costumes de Stop
Représentation : Paris (France) : Théâtre de la Gaîté, 1875
Note(s) : Dans un article très documenté, Martial Ténéo évoque les différentes péripéties de
cette collaboration à trois. Sous ce même titre, une première pièce de Sardou avait
été donnée au théâtre du Gymnase en 1864. Mais elle fut entièrement transformée en
vue du théâtre de la Gaîté par l'auteur et par l'archiviste de l'Opéra, Charles Nuitter,
avec lequel Offenbach était lié de longue date. Le projet prit forme en 1874 après
les représentations de la Haine. Nuitter soumit une première ébauche qui fut nettement
critiquée et remise en question par Sardou. Pourquoi intituler Don Quichotte une pièce
qui a éliminé tout ce qui, dans l'esprit du public, est lié au roman de Cervantès
? On n'y trouve "ni les moulins à vent, ni la chaîne des forçats, ni les maisonnettes,
ni la veillée des armes, ni le cheval, ni l'âne [...]. C'est comme si vous faisiez
un Robinson sans île, sans perroquet et sans Vendredi ! C'est impossible !". Après
bien des échanges de lettres entre le dramaturge et le librettiste, Offenbach se mit
au travail pour la musique et Sardou pour la mise en scène. Avec une ingéniosité délirante,
ce dernier "avait proposé des moulins aux ailes tournantes, un arc en ciel, des effets
de lune, un orage, des cochons en baudruche, un taureau mécanique pour la scène du
cirque, un reposoir splendide avec un groupe de femmes échelonnées dans les fleurs,
un intérieur du palais de Barataria, un incendie de ce palais oriental, une bataille
diabolique, des visions de cauchemar, un ballet avec personnages à doubles faces,
et puis les noces de Gamache pour apothéose". Il lui fallait beaucoup de mouvement,
des gens courant dans tous les sens, une légion de petits meuniers de toutes tailles,
y compris de tout petits enfants vêtus de blanc, chacun portant une échelle à sa taille
dans la scène des moulins, ou bien dans la scène de l'incendie, des gens en bonnet
de nuit courant dans l'affolement, poursuivis par l'ennemi. L'entente commença à se
gâter lorsque Offenbach, toujours directeur du théâtre de la Gaîté, voulut imposer
des économies. Nous reproduisons ici l'essentiel de la lettre de Sardou à Nuitter,
particulièrement intéressante pour les détails de mise en scène qu'elle donne : "Le
devis de 300 000 francs est une aimable plaisanterie [...] et ce n'est pas à moi que
l'on fera croire à ce chiffre pour une pièce où, en définitive, Barataria excepté,
je ne vois que trois ou quatre grands décors : la rue, les escaliers, le cirque et
Gamache. Il n'y a pas de féerie ou il n'y en ait le triple [...]. Quoiqu'il en soit,
j'admets très bien que par économie, on porte tous ses efforts sur ces quatre grands
aspects, mais alors il faut que ces efforts soient complets. Or, tout ce que vous
me proposez est misérable. Des peintures au lieu de réalité ! [...]. Je n'admets pas
de rue de Tolède sans rue montante ni descendante, car tout l'effet du décor est là.
Montrer l'Espagne sous un aspect digne de l'Odéon, avec des rues peintes et sans aucun
des mouvements pittoresques de descentes, de montées, d'arrivées que donnent les vrais
escaliers, la belle affaire ! On a fichtre bien le temps d'enlever ces praticables
pendant le tableau et l'entr'acte qui suivent et cette prétendue impossibilité est
comme toutes celles que j'ai rencontrées au Roi Carotte qu'on a fini par éreinter
avec ces impossibilités-là [...]. Je veux absolument mes rues, et larges et commodes
et pas peintes, ou alors peignons aussi les personnages, ce sera complet !". "Quant
à donner à un dessinateur anglais le décor de Gamache, on me permettra de ne pas encore
être bien fou de cette idée-là. Pour les rues, les anglais sont admirables. Pour les
décors, ils font criards et sans goût. Et ce n'est pas après des décors de nos grands
artistes français qu'on peut servir au public parisien un tableau aussi important,
peint par des farceurs, qui ne connaissent que le tapage, le tape-à-l'œil, le paillon
et n'entendent rien à l'art vrai de la décoration théâtrale. Des rues aux anglais,
toujours ! de la peinture, jamais !". Pour les costumes, notamment ceux des courses
de taureaux, Sardou chargea Vizentini et Stop de puiser aux sources suivantes : Gustave
Doré, Le Tour du monde (Voyage en Espagne) ; Th. Gautier, Voyage en Espagne ; Alexandre
Dumas, De Paris à Cadix. Il leur conseilla également de consulter l'ouvrage de Mme
d'Aulnoy, La Cour et la ville de Madrid vers la fin du XVIIe siècle. "Il y a là de
précieuses indications de couleurs pour les toréros". Mais tous ces efforts furent
réduits à néant. Offenbach tomba malade et la société de la Gaîté fut dissoute. Le
25 juin 1875, le théâtre passa aux mains de Vinzentini. Sardou chargea Nuitter de
récupérer les manuscrits de Don Quichotte chez Offenbach. Ce Don Quichotte remanié
une fois de plus, fut joué au Châtelet vingt ans plus tard. - Projet de reprise
Référence(s) : "Jacques Offenbach d'après des documents inédits", S.I.M., 15 décembre 1911 et notes
ms. de M. Teneo [BMO, Dossier Offenbach]. - Projet de reprise
Création : Paris (France) : Théâtre du Gymnase, 1864-06-25
Auteur(s) :
Sardou, Victorien (1831-1908). Auteur du texte. Librettiste
Nuitter, Charles (1828-1899). Librettiste
Offenbach, Jacques (1819-1880). Compositeur
Collaborateur(s) technico-artistique(s) : Despléchin, Edouard (1802-1871). Décors
Fromont, Eugène (18..?-18..? ; décorateur). Décors
Stop (1825-1899). Costumes
Identifiant de la notice : ark:/12148/cb40916929w
Notice n° :
FRBNF40916929