Notice bibliographique
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Type(s) de contenu et mode(s) de consultation : Texte noté : sans médiation
Auteur(s) : Kum′a N′Dumbe, Alexandre (1946-....)
Titre(s) : Masomandala [Texte imprimé] : version originale de 1890-1911. tome I, Jeki la Njambé a Inono / Kum'a Ndumbe III ; illustrations de Christian Kingue Epanya ; traduction en français et en ewondo par Jeanne Awono Ndongo
Publication : Douala : AfricAvenir ; Berlin : Exchange & Dialogue, 2008
Description matérielle : 126 p. : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 32 x 25 cm
Autre(s) auteur(s) : Kingue Epanya, Christian (1956-....). Illustrateur
Awono Ndongo, Jeanne. Traducteur
Identifiants, prix et caractéristiques : ISBN 3-939313-18-1 (br.) : 39.50 Eur
EAN 9783939313182
Identifiant de la notice : ark:/12148/cb43408222c
Notice n° :
FRBNF43408222
Cette notice appartient à l'univers jeunesse
Infos du Centre national de la littérature pour la jeunesse :
Genre :
Public destinataire : À partir de 13 ans
Avis critique : Intéressant
Notice critique : Saluons, tout d'abord, la parution d'un tel
ouvrage, car voici l'édition, dans une version illustrée et grand public, d'une oeuvre
littéraire majeure du patrimoine africain, issue de la tradition sawa du Cameroun
(une population englobant les Duala) et qui fait partie des grandes fresques classiques
qui peuvent être déclamées et chantées. Mais c'est aussi un récit qui tend à disparaître,
alors qu'il connaît toujours un succès populaire pour peu qu'il soit donné à entendre.
L'épopée de Masomandala (qui veut dire"inventions de l'extraordinaire" dans la langue
duala), de tradition orale, a été transcrite à la fin du XIXe siècle. Si elle a fait,
depuis, l'objet d'éditions, c'est sous des formes savantes ou peu accessibles. Elle
est ici racontée dans sa version ancienne de 1890-1911.Les deux tomes offrent à la
lecture le texte en duala, ses traductions en ewondo et en français. Ils nous content,
en de multiples épisodes (qui peuvent être lus ou racontés isolément), les démêlés
du roi Masomandala avec les deux fils qu'il eut de la moins aimée de ses femmes -
Jêki l'aîné et Jêki le cadet, aux dons surnaturels"nés pour être des hommes miraculeux".
Ce roi puissant ne veut partager ni son pouvoir, ni sa richesse et lance sans fin
à ses fils des défis de toute nature dont ils ne devraient pas sortir vivants. Au
point qu'il finira un jour, après avoir tué l'aîné, par être tué in extremis par le
cadet (qui redonnera vie à son frère). Il s'agit de récits héroïques, merveilleux
et burlesques livrés sur un ton familier, parfois entremêlés d'incantations ou de
chants en duala. Ils peuvent se lire comme les épreuves initiatiques nécessaires à
des fils pour s'affranchir d'un père jaloux, violent, avide de pouvoir et qui ne les
aime pas. Mais les frères, liés par un amour puissant, héritiers des pouvoirs de leur
mère, grande initiée, obéissent à ce père qui se refuse à transmettre. C'est ainsi
que de naissance et croissance prodigieuses en métamorphoses multiples, expéditions
punitives et voyages dans l'au-delà, ils affrontent, guidés par leur oracle, maints
et maints dangers, détruisent et reconstruisent, pacifient ou donnent la vie et la
mort, ce qui ne les préservera pas en définitive d'être tués. C'est étrange, familier,
drolatique, violent, sans cesse surprenant. Face à de tels récits épiques, et si l'on
est extérieur à la culture dont ils sont issus, le sens premier est souvent seul perceptible.
C'est dire a contrario l'importance de leur survie pour la culture qui les porte,
avec le message social, éducatif, et philosophique qui est le leur. L'auteur (et préfacier),
Kum'a Ndbumbe III, explicite pour nous ce message :"La première richesse ce sont les
hommes qui t'entourent (...) Si la puissance t'est donnée et que tu l'utilises à ton
seul profit, tu as creusé ta tombe (...) Donne la paix, l'amour, construis le pays".
Ce que viennent éclairer par ailleurs les propos de Catherine Ahonkoba qui conte cette
épopée en France, précisant qu'elle est"une métaphore des forces contraires et complémentaires
qui constituent la dynamique de l'univers, mais également de la lutte de l'homme pour
la maîtrise des bas instincts et pour l'accès à la civilité et à l'espérance". L'auteur
a porté ce projet dans le cadre de l'association éditoriale AfricAvenir/Exchange &
Dialogue qui édite des ouvrages dans les langues camerounaises, en français, anglais
et allemand, et ici dans le cadre d'une coopération entre associations nationales
et internationales. Louer l'intention de cette entreprise ambitieuse doit autoriser
à en dire, à regret, les limites. De premier abord, les ouvrages sont d'une grande
qualité matérielle - soignés, beau papier, grand format, recourant à un illustrateur
de renom, Christian Epanya, proche de cette culture. Mais leur prix est totalement
dissuasif, pour ne pas dire qu'il les condamne. Très peu y auront accès et sans doute
pas même les bibliothèques africaines dont on sait la faiblesse des moyens et pour
lesquelles ils seraient précieux. Grave aussi, la très mauvaise qualité des reproductions
(pixellisation, disproportion...), les imprécisions et nombreuses fautes et enfin
la pesanteur du style qui peut être celui d'une forme d'oralité, mais qui entrave
la lecture. La page de couverture elle-même souffre d'imprécisions sur le contenu
de l'ouvrage. Une condamnation de cette édition ne saurait être de mise, mais le projet
mérite de repenser la forme éditoriale pour que véritablement la démarche de l'auteur
et de l'association atteigne son objectif et l'essentiel, son public. - Le 20110505
, par Marie Laurentin (publié dans Takam Tikou)